Attachez-moi avant que l’émotion m’agrippe
Empêchez ma plume d’être lourde, sourde, aux bruits qui m’animent
Empêchez mes rimes de fuir car la douleur est vive
Mes blessures attisent, aiguisent, en moi l’envie d’écrire… Pire
Pardonnez-moi d’être beau, d’être grand, d’être gros
D’être bien, d’être flow, d’être brun, d’être
Noir et même d’aimer le manioc
Croire en l’avenir de l’Afrique alors que le monde l’ignore encore
Pardonnez-moi d’être un banlieusard de base
Mais d’être beaucoup plus ouvert que les sondages et leurs stats
Pardonnez-moi de ne pas trouver le ghetto
Sexy comme un clip de rap mais de m’en faire l’écho
Pardonnez-moi d’être moi, respect à eux
Crois bien qu’une part de mes forces me vient d’eux
Pardonnez-moi de ne pas fermer ma gueule
Tant que j’aurai des choses à dire, je serai seul, pour l’instant
Accordez-moi le droit de penser pour moi
Cessez d’être bête, prisonnier des mass média Merde !
Immortel est mon art du Mic
Mots pour mots mes pensés puisent dans la douleur, mes idées se démarquent
Monumentale mon écriture est inimitable
Indélébiles les images que mon stylo étale
Accordez-moi le droit de vivre, d’être ivre !
D’écrire que l’amour peut rendre libre !
Pardonnez-moi de ne pas être gangster de papier
Respecter le cœur des hommes plus que la fierté
Ma musique parle d’elle-même sur scène
Sonde les entrailles de ma ville pour en extraire la sève, j’aime…
Être pur produit de la banlieue
Que le monde pense connaître et qui rend les riches envieux
Mon funk et mon rap se croisent
Mon groupe est métis et porte dans ses veines le jazz
Mettez-vous à l’aise, oubliez ce que vous pensez connaître
J’me dois de renaître et d’être sur le monde une fenêtre
La pensée ouverte large pour embrasser la terre
Ne me laisser pas devenir un spectateur sectaire
Pardonnez-moi d’être ce que je suis
D’appartenir à une autre race de emcee
Promettre l’orage la pluie
Vomir des pages d’intempéries
En terrain presque conquis
Les rues de Paris entre les mains de la bac
Pardonnez-moi d’être un nègre et pas un grand black
Sans blague et sans la bague au doigt
Jurer fidélité à ce pays de colons ?
Quelle belle démonstration de langue de bois
Pardonnez-moi de mettre l’accent sur des provocations constantes
Sortie de ces rapports de l’ IGS qui nous mentent sans cesse
Et mettent en accusation une partie de la jeunesse
Pardonnez moi de pardonner avec l’âme d’un damné
Le véritable drame que tout le monde connaît
et que personne n’ose regarder en face
Les quartiers surchauffent, les riverains s’arment de fusils de chasses
Pardonnez moi de tourner autour des mêmes thématiques
De démonter illico n’importe quel Break beat
Paroles : Kohndo Assogba / Ekoué Labitey
Musique : Kohndo Assogba